Sur l'origine des évangiles

         […] parmi une cinquantaine d’Évangiles dont le christianisme fut inondé dans son commencement, l’Église assemblée en concile à Nicée en choisit quatre seulement, et rejeta tous les autres comme apocryphes, quoiqu’ils n’eussent rien de plus ridicule que ceux qui furent admis. Ainsi au bout de trois siècles (c’est-à-dire l’an 325 de l’ère chrétienne), des évêques eussent été véritablement inspirés par le Saint-Esprit. Un miracle leur fit découvrir cette importante vérité, difficile à démêlé dans un temps déjà très éloigné de celui des apôtres. On plaça, dit-on, pêle-mêle les livres apocryphes et les livres authentiques sous un autel ; les pères du concile se mirent en prières pour obtenir du Seigneur qu’il permit que les livres faux ou douteux restassent sous l’autel, tandis que ceux qui seraient vraiment inspirés par le Saint-Esprit  viendraient se placer d’eux-mêmes sur cette autel ; ce qui ne manqua pas d’arriver. C’est donc de ce miracle que dépend notre foi ! C’est à lui que les chrétiens doivent l’assurance de posséder les Évangiles vrais, ou des mémoires fidèles sur la vie de Jésus-Christ ! C’est là uniquement qu’il leur est permis de puiser les principes de leur croyance et les règles de conduite qu’ils doivent tenir pour se procurer le salut éternel.

Paul-Henri Thiry D’Holbach, Histoire critique de Jésus-Christ, in Œuvres philosophiques complètes – Tome II, p.657, 1999, éd. Alive