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10 mars 2009

Aux Etats-Unis, les athées sortent du placard

Par Alexis Buisson | Journaliste | 15/02/2009 | 15H59

Cités par Obama dans son discours d'investiture, les non-croyants marquent des points au pays du "In God We Trust".

(De New York) Quelques minutes après avoir prêté serment sur la Bible, Barack Obama a lâché, lors de son investiture, une petite bombe dans les milieux religieux américains.

"Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d’hindous", le président américain a-t-il martelé, avant de poursuivre: "et de non-croyants."

FoxNews n'a pas manqué de relever ce passage, tentant de lancer une polémique, non sans une certaine dose de mauvaise foi. (Voir la vidéo, en anglais)

Cette dernière mention n’est donc pas passée inaperçue dans un pays très majoritairement chrétien où la non-croyance a longtemps été reléguée aux marges de la société. Pourtant, le président américain ne fait que prendre acte d’une réalité de plus en plus prégnante aux Etats-Unis.

Entre 1990 et 2001, la part des Américains affiliés à une religion a reculé de 90% à 81%, selon l’American Religious Identification Survey (ARIS) alors qu’humanistes, athées, laïcs et libres-penseurs de tout poil se regroupaient au sein d’associations comme les "Libres-penseurs de Kansas City" ou les "Non-croyants de Pennsylvanie".

A en croire le succès des "chevaliers de l’athéisme", Richard Dawkins, Daniel Dennett, Sam Harris and Christopher Hitchens, auteurs en 2006 de best-sellers exhortant les Américains à retrouver la raison, la non-croyance séduirait de plus en plus une population scandalisée par les excès de la religion.

Des excès cristallisés par l’affaire Terri Schiavo en 2005 et le débat sur l’enseignement de la théorie de l’évolution dans certaines écoles. Patrick Collucci, du "Réseau humaniste du New Jersey", analyse ainsi:

"Ces quinze dernières années, l’aile chrétienne évangélique, le fondamentalisme et l’obscurantisme religieux ont fait beaucoup de dégâts aux Etats-Unis et dans le monde, analyse Il semble que nous vivons une sorte de nouvelle époque des Lumières, comme en Europe au XVIIIe siècle."

Un slogan d’athée: "Faîtes la grasse matinée le dimanche"

Longtemps marginalisés, les athées sont les premiers à récolter les fruits de la nouvelle donne. Si seulement 5% des Américains affirment dans un sondage Gallup en 2006 que Dieu n’existe pas, les athées se structurent petit à petit, pour la première fois dans leur histoire.

Ainsi organisent-ils leurs propres fêtes (aux solstices d’hiver et d’été) célébrant les cycles naturels. Désormais, de nombreux groupes athées disposent d’assez de fonds pour financer d’importantes campagnes d’affichage, des spots télévisés ou radiodiffusés invitant par exemple les croyants à "faire la grasse matinée le dimanche" ou à imaginer un monde sans religions comme dans la commune rurale de Chambesburg (Pennsylvanie) en octobre.

Confortés par une récente étude du très sérieux Pew Forum on Religion and Public Life montrant qu’une majorité d’Américains s’opposait pour la première fois aux immixtions de la religion dans la politique, les leaders du mouvement athée espèrent à présent peser sur le pouvoir politique.

Depuis l’an dernier, ils disposent même avec d’autres organisations de l’American Secular Coalition d’un lobbyiste au Congrès chargé de promouvoir, la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la réhabilitation des sciences, la non-discrimination contre les athées ou encore la nomination à des postes clefs de l’administration d’individus ouvertement athées.

"Nous souffrons de la même discrimination que la communauté gay"

Ken Bronstein, président des New York City Atheists (NYCA), se félicite:

"Nous sommes à un tournant de l’histoire du pays. Les athées font leur coming out. Je fais l’analogie avec la communauté homosexuelle parce que nous souffrons de la même discrimination."

Mais dans un pays dont les présidents jurent sur la Bible et dont la devise "In God We Trust" figure sur les billets et les pièces de monnaie, s’affirmer ouvertement athée rencontre toujours de nombreuses barrières.

S’il y a eu des "moments athées" dans l’histoire américaine, notamment à la fin du XIXe siècle lorsque juges et médecins ont tenté d’extraire Dieu de leurs pratiques respectives, les athées américains n’ont jamais été en mesure de s’imposer dans la sphère publique contrairement à leurs homologues européens.

Une étude de l’université du Minnesota montre à ce titre que, malgré leur nouvelle visibilité, les athées incarnent moins les valeurs américaines que les homosexuels ou les musulmans aux yeux d’une majorité relative d’Américains.

"Une bataille sans fin"

Judy Natkins, institutrice à New York, confirme la difficulté d’être d’athée aux Etats-Unis:

"Quand on me souhaite ‘Joyeux Noël’ je ne sais pas comment réagir. Peut-être devrais-je dire que je ne fête pas Noël. Mais plusieurs fois, on m’a dit d’aller en enfer... Que ce soit à l’école, quand on se marie ou quand un proche décède, on est constamment rappelés qu’on est en minorité."

Par ailleurs, les religieux les plus radicaux s’organisent à leur tour pour contrer les vociférations athées en les accusant de haïr les Etats-Unis. L’évêque Nedd, président d'"In God We Trust", une association de défense de l’héritage religieux américain qui a financé l’an dernier une grande campagne d’affichage pour dénoncer l’athéisme, rappelle ainsi:

"Qu’on le veuille ou non, les athées ne représentent que 5% de la population américaine. Les Etats-Unis sont profondément religieux. Nous nous insurgeons contre les pratiques d’une minorité à laquelle les médias donnent beaucoup trop d’importance."

Enfin, un mouvement relativement jeune, il reste encore limité aux grandes villes et à une population d’intellectuels qui refuse l’organisation collective. Courtney Bender professeur de religion à Columbia explique:

"Les athées sont en train de mener une bataille sans fin. Ils n’ont pas de structure de support social pour concrétiser leur mode de pensée. En gros, il leur manque une Eglise. La religion est trop intégrée dans la culture américaine. Certes, la croyance va connaître des fluctuations mais l’Eglise n’a pas à s’inquiéter."

Source (et pour avoir plus d'info): Rue89

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Commentaires
P
L’athéisme, oui. Le prozélitisme athée, pas sûr…<br /> <br /> http://ysengrimus.wordpress.com/2008/10/29/l%E2%80%99atheisme-doit-il-militer/ <br /> <br /> Il y a des causes plus cruciales.
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