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Journal d'un apostat
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18 janvier 2008

Sarkozy, fou de Dieu

Il faut surveiller Nicolas Sarkozy lorsqu’il voyage. Notre président de la République, hors des frontières, peut se révéler un missionnaire passionné du Christ, comme lors de sa visite papale. En ballade en terre arabe, Nicolas Sarkozy transforme en zélote forcené de l’Islam. On l’avait remarqué lors de son déplacement en Algérie (lire la chronique du 13 décembre 2007, « l’atome et le Coran »). Il récidive cette fois-ci en Arabie saoudite, où il a célébré, devant le Conseil consultatif du royaume « le Dieu unique des religions du Livre. Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme. Dieu qui n’asservit pas l’homme, mais qui le libère. Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes. Dieu qui par-delà toutes les différences ne cesse de délivrer à tous les hommes un message d’humilité et d’amour, un message de paix et de fraternité, un message de tolérance et de respect. » D’où l’on peut conclure que le président de la France est plus proche de Sainte Thérèse d’Avila que de Jules Ferry. D’ailleurs, si on le suit, la laïcité est chose à relativiser : « J’ai le devoir de faire en sorte que chacun, qu’il soit juif, catholique, protestant, musulman, athée, franc-maçon ou rationaliste, se sente heureux de vivre en France, se sente libre, se sente respecté dans ses convictions, dans ses valeurs, dans ses origines. Mais j’ai le devoir aussi de préserver l’héritage d’une longue histoire, d’une culture, et, j’ose le mot, d’une civilisation. Et je ne connais pas de pays dont l’héritage, dont la culture, dont la civilisation, n’aient pas de racines religieuses. » Autrement dit : on a le droit, en France, de penser ce que l’on veut, mais la religion a un droit d’aînesse !

Le Président encense le féodalisme

Comme chez notre chanoine honoraire rien n’est tout à fait gratuit, même l’amour de Dieu, cette déclaration a une fonction : nous faire croire que la France et l’Arabie Saoudite partagent bien davantage que des intérêts bien compris et réciproque. Après tout, le but réel du voyage présidentiel n’est-il pas de vendre des canons et des centrales nucléaires, de négocier l’entrée de fonds souverain saoudien dans les plus grandes entreprises françaises, et de s’entendre sur le sort du Liban et de la Syrie ?

Non, nous hurle Sarkozy depuis Riyad : « La France et l’Arabie saoudite partagent les mêmes objectifs d’une politique de civilisation »... Oui, vous avez bien lu : Nicolas Sarkozy englobe, dans ce concept « rappé » à Edgar Morin, le royaume saoudite, tenu par une famille de féodaux qui se refilent la couronne à la manière des Francs sous Mérovée, adeptes et soutiens du wahhabisme, une doctrine obscurantiste, appliquent la charia et ses peines barbares, et excluent toute autre religion que l’Islam du pays au motif qu’il contient les lieux saints, etc.

Comme la situation du royaume est bien connue, notre voyageur fait l’éloge de l’ouverture du roi Abdallah, qui a permis, rendez-vous compte, à six femmes de siéger au Conseil consultatif, qui comme son nom l’indique n’a aucun pouvoir !

Ridicule

Les discours à vocation religieuse de notre président-chanoine ont quelque chose de ridicule : celui du Latran additionnait les clichés éculés, qui ne s’enseignent même plus dans les cours de catéchisme, comme « la France, fille aînée de l’Église » depuis Clovis. Dans son discours, on apprit ainsi l’admiration du pêcheur Nicolas pour la chasteté des clercs catholiques. Un hommage du vice à la vertu, en présence de Jean-Marie Bigard (qui s’y connaît) et de son - hypothétique - future belle-mère, c’est un comble ! Il en conclut alors que le prêtre était définitivement supérieur à l’instituteur dans l’échelle des valeurs, sans doute parce que l’un dompte la chair (ou tente de le faire) et pas l’autre. Le discours de Riyad n’a pas dérogé : « le grand élan de piété, de foi, qui allait tout emporter sur son passage » et autres « salut (...) à toute la communauté des croyants », émaillent le texte. Sarkozy est un nouveau riche, sa religion sent aussi le neuf !

On peut s’amuser d’un tel fatras de lieux communs, dans un pays qui a fourni parmi les plus subtils théologiens du christianisme. Mais la révérence avec laquelle la presse française minimise, ou pire, s’abstient d’en rendre compte est consternante. Comme si la parole de Nicolas Sarkozy atteignait au sacré. Ite missa est.

par Hervé Nathan, pour Marianne

Source:

http://www.fairelejour.org/article.php3?id_article=1637

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